La redécouverte du Canada

Alban Lannéhoa

A la suite de la prise de Québec par les Britanniques en 1759 et des derniers combats ne faisant que retarder l’inéluctable chute de la Nouvelle France, le pavillon français disparaît du Saint-Laurent pour près d’un siècle. Il va falloir attendre le Second Empire pour qu’un navire militaire français descende de nouveau le fleuve pour une escale à Québec en 1855. Immense succès populaire, la visite de la corvette la Capricieuse ne connaîtra toutefois pas les suites commerciales escomptées.

L’ancienne colonie française est restée singulièrement isolée du vieux continent pendant les décennies qui ont suivi la Conquête. Toutes les communications passent par Londres, et le commerce extérieur est totalement fermé. La couronne britannique ne met fin à ce régime que le 26 juin 1849. Des représentations consulaires françaises sont dès lors installées à Sydney en Nouvelle-Ecosse ainsi qu’à Québec.

Le ministre français des Affaires étrangères, Édouard Drouyn de Lhuys, est toutefois réticent à l’idée d’aller plus loin. Le contexte ne se prête pas à une initiative française au Canada : les relations entre l’Angleterre victorienne et la France sont au beau fixe, les deux nations sont engagées conjointement face à la Russie en Crimée et en mer Baltique. La France s’est bien gardée d’intervenir ou d’exprimer une quelconque opinion lors des rébellions de 1837 et 1838 au Québec, et négocie désormais un traité de libre-échange qui sera concrétisé en 1860. L’Empereur Napoléon III est reçu en grande pompe en Angleterre par la Reine Victoria au mois d’avril 1855, et l’exposition universelle de Paris au mois d’août de la même année sera l’occasion d’inviter la souveraine en retour. La France a désormais peu d’intérêts commerciaux dans le Saint Laurent, et l’envoi d’un bâtiment militaire ne saurait à première vue avoir qu’une valeur symbolique, jugée peu appropriée par le ministère des affaires étrangères. Il serait dans ce contexte tout à fait malvenu de nuire aux relations franco-britanniques dont le Second Empire a fait une priorité.

L’investissement d’un officier de Marine va accélérer les choses. Le capitaine de vaisseau Henri de Belvèze, qui espérait le prestigieux commandement du vaisseau mixte Napoléon, a été écarté des commandements opérationnels, payant semble-t-il un début de carrière prometteur sous la monarchie de Juillet et faisant montre d’accointances monarchiques trop affirmées. Il est finalement nommé au poste de commandant de la division navale de Terre-Neuve. Ne se décourageant pas pour autant, il prend la mesure de cette nouvelle fonction, et présente dès 1853 un projet prévoyant une « excursion dans le fleuve [Saint Laurent] dont le but serait de connaître les ressources, les besoins et la condition commerciale de ce grand pays ». Il publie en 1854 un rapport très détaillé sur « le commerce de la France dans le Saint-Laurent », qui recommande notamment de charger de marchandises diverses les morutiers normands et bretons qui parviennent à vide à Saint-Pierre et Miquelon, dont on pourrait faire une station commerciale à destination du Canada. Le Parlement canadien a de plus exprimé des témoignages de sympathie à l’égard de l’armée de Crimée, et le moment semble des plus opportuns pour une ambassade commerciale. Belvèze parvient à emporter les réticences du ministre des Affaires étrangères et l’amiral Hamelin, ministre de la Marine, le charge d’organiser un voyage à destination de Québec.

Paul Henri de Belvèze, commandant la division navale de Terre-Neuve, est à l’origine du retour du pavillon français au Canada.

Belvèze préfère la Capricieuse à la corvette à roues Gassendi habituellement attachée à la station de Terre-Neuve. Le Gassendi est jugé « disgracieux et mal armé », plus propre à la surveillance des pêches qu’à la diplomatie. La Capricieuse est au contraire une élégante corvette de première classe ou « corvette de 30 à gaillards » du type Bayonnaise. Mise sur cale à Toulon en 1847, elle a été lancée le 5 juillet 1849, entrant en service deux mois plus tard. Il s’agit d’un bâtiment long de 44 mètres, encore à voiles à l’heure où la transition vers la Marine à vapeur est en cours. Pourvue d’un équipage de 240 hommes, la Capricieuse est armée de 18 canons de 16cm en batterie, auxquels s’ajoutent en gaillards 6 caronades. Le navire a effectué une circumnavigation de 1850 à 1854, et s’apprête à réaliser son deuxième voyage, à destination cette fois du Canada.

La corvette de 1ère classe la Capricieuse.

La Capricieuse s’engage dans le Saint-Laurent au début du mois de juillet, embarquant un pilote à la Pointe-aux-pères et atteignant Québec le soir du 13 juillet 1855 vers dix-neuf heures. Le remorqueur à vapeur Advance est venu à la rencontre de la corvette et la guide vers le quai de la Reine où s’est massée une foule prévenue par les quotidiens locaux. La Capricieuse adresse un salut de 21 coups de canon, aussitôt rendu par la batterie de la citadelle. Le maire de Québec, Joseph Morrin, est invité à bord le soir même. Il sera également présent le lendemain matin pour l’accueil officiel, en présence d’Edward Ryan, premier consul français à Québec.

Le capitaine de vaisseau Belvèze répond en ces termes à l’accueil du maire :

« Je suis touché de l’accueil sympathique que vous voulez bien me faire à mon arrivée sur vos rivages ; c’est à la France, la patrie commune de vos aïeux et des nôtres, c’est à la gracieuse souveraine de la Grande-Bretagne, c’est à l’Empereur Napoléon que doivent être reportés l’honneur et l’hommage de cette réception : elle est la conséquence de la noble et féconde alliance qui unit les deux plus puissantes nations de l’Europe et les arme en ce moment pour défendre la civilisation contre la barbarie et rendre la paix au monde.

L’Empereur Napoléon disait à Londres : ‘’le temps des conquêtes est passé sans retour, et c’est en se mettant à la tête des idées généreuses, en faisant prévaloir partout l’empire du droit et de la justice, qu’une nation peut désormais être honorée et puissante’’.

La mission que Sa Majesté Impériale m’a confiée est l’application de cette pensée. Absente depuis un siècle du fleuve Saint-Laurent, la marine française y revient pour y renouer des relations commerciales longtemps interrompues, faire profiter notre pays des progrès immenses de votre agriculture et de votre industrie, ouvrir à nos armateurs et aux produits du travail français une voie qui fut longtemps fermée à nos vaisseaux.

L’adresse pleine de sentiments bienveillants, qui m’est présentée, monsieur le Maire, l’assemblée nombreuse qui entoure de tant d’honneur mon premier pas sur ce rivage, m’assure que votre concours est acquis à cette œuvre de progrès ».

Le commandant de la Capricieuse et ses officiers sont conduits à l’hôtel de ville. L’engouement populaire est extraordinaire : les pavillons français et britannique sont conjointement sur toutes les façades, et la population se presse à la rencontre des marins français. Dans les jours qui suivent, l’état-major de la corvette est submergé de sollicitations, invité à dîner au domaine de Spencer Wood, maison de campagne du gouverneur général de Québec, puis à visiter les fortifications de la citadelle, les chutes de Montmorency, un village Huron et l’Aqueduc de Lorette.

Le domaine de Spencer Wood où sont reçus les officiers de la Capricieuse. Lithographie vers 1855, collection du Musée national des beaux-arts du Québec.

Le dimanche 24 juin, jour de la Saint Jean-Baptiste, fête nationale des Canadiens français, le capitaine de vaisseau Belvèze est invité à poser la première pierre du monument aux braves édifié sur les plaines d’Abraham, où s’étaient tenus les derniers combats de la guerre de Sept Ans. Le monument est très consensuel : il abrite les ossements mêlés des soldats français et britanniques, et commémore tant la bataille de Sainte-Foy, ultime victoire du chevalier de Lévis le 28 avril 1760, que le succès final de la conquête britannique.

70 hommes de la compagnie de débarquement de la Capricieuse participent à l’événement. Pour la première fois depuis un siècle un détachement français défile en armes dans les rues de Québec, aux côtés des unités britanniques. Les sociétés civiles canadiennes portent les drapeaux célébrant les victoires alliées en Crimée, portant les noms d’Alma, Balaklava et Inkerman.  Mail nul drapeau ne saurait égaler en prestige la bannière de Carillon, étendard qui aurait flotté lors de la bataille de Fort Carillon (actuel fort Ticonderoga), victoire des troupes de Montcalm en 1758, et n’a été redécouverte en 1848. Les cris de Vive Napoléon ! et Vive la Reine Victoria ! saluent cette bien curieuse procession. Un rare daguerréotype célébrant l’événement est remis au capitaine de vaisseau Belvèze. Il représente quatre enfants de Québec costumés, l’un représentant Saint Jean-Baptiste, les autres un chef indigène, l’explorateur Jacques Cartier et un Canadien français.

Daguerréotype remis au capitaine de vaisseau Belvèze à l’occasion de la Saint Jean-Baptiste le 24 juin 1855.

On donne le 19 juillet un bal sur la terrasse Durham, sous la citadelle, surplombant la ville de Québec. L’assistance est des plus variées, Britanniques, Canadiens français, descendants des Hurons et Abénaquis en habits traditionnels. La soirée est riche en surprises comme le rapporte un officier français : « le ciel tapissé d’étoiles brillait de lueurs électriques, quand les mâts et les agrès de notre corvette s’illuminent tout-à-coup, ses bastingages dans toute leur longueur se couvrent de feux du Bengale et laissent entrevoir son élégante carène, brillante comme si elle avait été vernie la veille ; c’était un ravissant coup d’œil, un vrai tableau de nuit embelli par le reflet des eaux limpides du fleuve. […] Mais ce spectacle n’était qu’une dérision comparativement à celui que le ciel, qui semblait toujours se mêler à nos joies, nous préparait. En effet, tout-à-coup depuis l’horizon jusqu’au zénith, des myriades de gerbes de feu prenant tantôt les couleurs de l’arc-en-ciel, tantôt celles d’une blancheur opale ou phosphorescente, enveloppèrent le firmament presque tout entier, obscurcirent les pavois de notre navire et nous laissèrent croire un instant que le soleil avait précipité sa course : toutes ces gerbes aux mille couleurs lumineuses, plus vives, plus chatoyantes que celles des robes satinées et glacées des danseuses, se confondaient, allaient, venaient toujours perpendiculairement de l’horizon au zénith, dansaient enfin, comme pour nous inviter à reprendre nos quadrilles : c’était une aurore boréale. Depuis 1836 Québec n’en avait pas vu d’aussi brillante, […] ce qui ne manque pas de faire dire autour de nous qu’il fallait notre venue au Canada pour qu’une pareille clarté vint illuminer la capitale de ses célestes et lumineux rayons ».

La terrasse Durham sur laquelle est donné le bal en l’honneur des officiers de la Capricieuse. Gravure Granger, 1855.

Le 24 juillet, les officiers de la corvette sont de nouveau reçus pour un dîner à l’hôtel Russel. La population de Québec est quant à elle invitée à visiter la Capricieuse. Selon la légende, la foule enthousiaste aurait amené de force le pavillon de la corvette pour s’en partager les lambeaux et conserver religieusement le souvenir de cette visite historique. L’anecdote n’est pas vérifiée, mais l’on imagine sans difficulté la ferveur populaire à la vue du pavillon français dans le Saint-Laurent.

Menu du dîner donné le 24 juillet 1855 à l’hôtel Russel en l’honneur du capitaine de vaisseau Belvèze et des officiers de la Capricieuse.

Le capitaine de vaisseau Belvèze déploie toute son énergie pour contenter aussi bien la population francophone que les autorités britanniques, évitant d’exacerber de quelque manière que ce soit l’antagonisme historique. Il prend garde à être perçu comme un officier de l’ex puissance coloniale, se présentant comme l’émissaire d’une puissance alliée de la couronne britannique. Il faut du tact pourtant, pour ne pas céder aux élans patriotiques des Québécois, notamment face à un octogénaire exprimant son émotion à l’idée de « voir des yeux qui ont vu la France », ou à l’occasion de la visite rendue à Mademoiselle de La Naudière, la fille d’un officier ayant servi sous les murs de Québec sous le commandement de Montcalm, répondant à Belvèze qui lui demandait comment concilier un tel amour de la France et l’allégeance à l’Angleterre : « Ce sont nos bras qui sont à l’Angleterre, monsieur, mais nos cœurs sont toujours à la France ».

La Capricieuse descend le Saint-Laurent à destination de Montréal, puis l’état-major prend le train pour Toronto où Belvèze loue l’alliance franco-britannique, « une des plus précieuses conséquences de cette politique doit être de rendre plus actifs et plus utiles les rapports entre les peuples soumis aux deux couronnes. C’est la pensée qui inspire à l’Empereur la mission que je remplis. Il a voulu, malgré les préoccupations de la guerre, rétablir entre les deux pays, autrefois unis par d’autres liens, des relations commerciales directes, libres et spontanées, et c’est pour réparer ces relations que je suis venu au Canada. J’ai suivi avec soin les belles lignes de navigation qui rattachent à la mer les parties les plus éloignées de votre vaste contrée, et, dans cette visite, je me suis convaincu que dans ce beau pays, habité par les fils des nations les plus industrieuses du monde, des progrès immenses s’étaient accomplis sans que l’Europe en eut connaissance exacte ; entre le Canada et la France l’échange se fait, mais par des intermédiaires… Faisons directement cet échange, il deviendra aussi profitable pour les deux nations ».

La Capricieuse sur le fleuve Saint-Laurent. Archives de l’Université de Montréal.

La Capricieuse reprend la mer à la fin du mois d’août. Sa visite au Canada est assurément un immense succès, mais les espoirs suscités seront malheureusement déçus. L’escale de la corvette a suscité un engouement populaire sans précédent à Québec, dépassant largement les visées commerciales du capitaine de vaisseau Belvèze, qui se voit contraint à prendre officiellement ses distances avec des initiatives maladroites, à commencer par la publication la même année de l’ouvrage Le Canada reconquis par la France par Joseph-Guillaume Barthe. La diplomatie française, quelque peu embarrassée par l’ampleur de la réaction populaire, préfèrera une discrète indifférence.

La presse française ne fait nulle mention de l’événement. Les échanges commerciaux seront jugés « complètement nuls » en 1862 par Louis Dussieux, auteur de l’ouvrage Le Canada sous la dominations française d’après les archives de la marine et de la guerre, et atteindront péniblement 1 à 2% des échanges entre les deux pays dans la décennie suivante.

Paul Henri Belvèze, capitaine de vaisseau depuis déjà dix ans et qui espérait quant à lui une reconnaissance du ministère de la Marine, ne verra jamais les étoiles de contre-amiral. Il en gardera une certaine amertume, écrivant à un ami : « Nul n’est prophète en son pays, et pendant que l’on crie ici ‘’heureuse la France qui possède de tels hommes’’, chez nous on fait des fournées de contre-amiraux et on me laisse de côté… qu’y faire ? ». Belvèze sera mis à la retraite à la limite d’âge de son grade en 1861.

Réussie sous bien des aspects, la visite de la Capricieuse laisse un goût d’inachevé. Servant des objectifs très pragmatiques, les initiateurs de ce voyage ont été dépassés par l’engouement suscité et n’ont pas été en mesure d’en saisir les opportunités, au risque de décevoir les espoirs de la population francophone du Canada. On parlera a posteriori de véritable rendez-vous manqué avec les Québécois, à tel point que le succès populaire rencontré par la Capricieuse restera perçu dix ans plus tard comme un épisode fâcheux. En témoigne la correspondance du capitaine de frégate Levesque-Desvarannes, commandant en 1868 l’aviso d’Estrées pour une nouvelle mission dans le Saint-Laurent : « Je partais pour Québec plein d’inquiétude sur la réception que les Canadiens feraient au d’Estrées. Je craignais l’enthousiasme irréfléchi des habitants. Je me reportais naturellement au voyage de la Capricieuse en 1855 sous le commandant Belvèze et je savais qu’à cette époque l’arrivée d’un bâtiment de guerre français, le premier depuis la cession, avait causé une émotion embarrassante pour les deux nations ».

Cette incompréhensible appréhension à l’égard des sentiments de la population francophone du Canada s’estompera bien heureusement à l’occasion des prochaines escales de bâtiments français à Québec, notamment celles des frégates Flore et Minerve dans les années 1880. Cette prudence excessive laissera enfin la place à des démonstrations d’affection réciproques entre la France et son ancienne colonie. Le décès à Québec en 1885 d’un marin de la Flore donnera lieu à un magnifique témoignage : « le marin Le Moine, dont le métier était de mourir un jour pour sa patrie, ne pouvait pas être enterré plus près de la France qu’en étant à Québec ».

Un siècle et demi après le retour du pavillon français dans le Saint-Laurent, les escales de bâtiments français au Canada sont toujours des événements chargés d’histoire et appréciés tant par les Québécois que par les équipages. Reste de la visite de la Capricieuse de nombreuses œuvres d’écrivains et poètes québécois, dont Octave Crémazie, Louis-Honoré Fréchette ou Eudore Évanturel.

Aux marins de la Capricieuse.
Octave Crémazie, 19 août 1855

Quoi ! déjà nous quitter ! Quoi ! sur notre allégresse
Venir jeter sitôt un voile de tristesse ?
De contempler souvent votre noble étendard
Nos regards s’étaient fait une douce habitude.
Et vous nous l’enlevez ! Ah ! quelle solitude
Va créer parmi nous ce douloureux départ !
Vous partez. Et bientôt, voguant vers la patrie,
Vos voiles salueront cette mère chérie !
On vous demandera, là-bas, si les Français
Parmi les Canadiens ont retrouvé des frères.
Dites-leur que, suivant les traces de nos pères,
Nous n’oublierons jamais leur gloire et leurs bienfaits.
Car, pendant les longs jours ou la France oublieuse,
Nous laissait à nous seuls la tache glorieuse
De défendre son nom contre un nouveau destin,
Nous avons conservé le brillant héritage
Légué par nos aïeux, pur de tout alliage,
Sans jamais rien laisser aux ronces du chemin.
Enfants abandonnés bien loin de notre mère,
On nous a vus grandir à l’ombre tutélaire
D’un pouvoir trop longtemps jaloux de sa grandeur.
Unissant leurs drapeaux, ces deux reines suprêmes
Ont maintenant chacune une part de nous-mêmes :
Albion notre foi, la France notre cœur.
Adieu, noble Drapeau ! Te verrons-nous encore
Déployant au soleil ta splendeur tricolore ?
Emportant avec toi nos vœux et notre amour,
Tu vas sous d’autres cieux promener ta puissance.
Ah ! du moins, en partant, laissez-nous l’espérance
De pouvoir, o Français, chanter votre retour.
Ces naïfs paysans de nos jeunes campagnes,
Ou vous avez revu vos antiques Bretagnes,
Au village de vous parlerons bien longtemps.
Et, quand viendra l’hiver et ses longues soirées,
Des souvenirs français, ces âmes altérées
Bien souvent rediront le retour de nos gens !
Comme ce vieux soldat qui chantait votre gloire
Et dont, barde inconnu, j’ai raconté l’histoire,
Sur ces mêmes remparts nous porterons nos pas ;
Là, jetant nos regards sur le fleuve sonore,
Vous attendant toujours, nous redirons encore :
Ne paraissent-ils pas ? 

Pour aller plus loin : 

Visite de la corvette Lq Capricieuse au Canada, Revue Coloniale, 1856 

BOSSÉ Éveline, Lq Capricieuse à Québec en 1855. Les premières retrouvailles de la France et du Canada, Éditions La Presse, Montréal, 1984

LAMONDE Yvan, POTON Didier, La Capricieuse (1855) : Poupe et proue – Les relations France-Québec (1760-1914), 2006 

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